Mieux-être étudiant

À McGill, l'état d'esprit de croissance profite au bien-être étudiant

En adoptant un modèle axé sur l’évolution rapide, la liberté d’action et l’écoute de sa clientèle, le Pôle bien-être étudiant entend changer la culture universitaire

Photo: Owen Egan

Mieux-être étudiant

À McGill, l'état d'esprit de croissance profite au bien-être étudiant

En adoptant un modèle axé sur l’évolution rapide, la liberté d’action et l’écoute de sa clientèle, le Pôle bien-être étudiant entend changer la culture universitaire

Photo: Owen Egan

par Sarah Lebeau

Depuis qu’il a ouvert ses portes, en juillet 2019, le Pôle bien-être étudiant de McGill a bien changé.

« La rapidité et l’étendue de son évolution forcent l’admiration », déclare Maya Willard-Stepan, étudiante en sciences de l’atmosphère et physique, qui travaille étroitement avec le Pôle en tant que commissaire de la santé mentale à l’Association étudiante de l’Université McGill (AEUM).

« Entre 2020 et 2023, malgré les restrictions liées à la pandémie, le Pôle est passé d’une simple idée à un concept, puis à un centre offrant au moins 10 ateliers par semaine, qui accueille des milliers de personnes par mois et entretient des liens avec une centaine d’organisations étudiantes. »

Établi grâce à un don exceptionnel de la Fondation Rossy, le Pôle s’est donné pour mission de lutter contre la détresse qui touche un nombre croissant de personnes, en rompant avec l’approche traditionnelle du bien-être étudiant, qui s’est révélée inefficace.

Dans un sondage de 2019, 96 % des membres de la communauté étudiante mcgilloise se disaient dépassés, 61 % désespérés, et 53 % déprimés au point d’avoir des difficultés à fonctionner.

Gros plan de Vera Romano.

Nous savions qu’il fallait procéder par essais et erreurs : trouver des idées, les mettre en œuvre, les tester le temps qu’il faut pour déterminer les ajustements nécessaires. »

Selon Vera Romano, directrice du Pôle, ces données témoignent de la hausse exponentielle des problèmes de santé mentale observée dans de nombreux établissements d’enseignement supérieur au cours des 15 dernières années. Voyant qu’il était impossible de renverser la vapeur en maintenant la même approche, McGill en a adopté une autre.

L’Université s’est inspirée de l’état d’esprit de croissance, qui met l’accent sur l’agilité, la collaboration et l’amélioration continue, pour créer un modèle novateur regroupant sous un même toit l’ensemble des services, des activités et des informations en lien avec la santé physique et mentale.

« Le Pôle est beaucoup plus qu’une simple clinique de santé comme on en voit dans la plupart des universités », soutient Maya Willard-Stepan, qui a vu plusieurs personnes de son entourage prises en charge par des ressources inadéquates.

Le Pôle offre un large éventail de services cliniques, de counseling et de conseils, des groupes de soutien, des activités d’art-thérapie et de zoothérapie, des expériences en réalité virtuelle, des options de télésanté, des cours d’activité physique et de relaxation, ainsi qu’une boutique de bien-être sexuel.

Vera Romano précise que son équipe et elle ont appliqué une méthode fondée sur la curiosité et l’humilité. « Nous savions qu’il fallait procéder par essais et erreurs : trouver des idées, les mettre en œuvre, les tester le temps qu’il faut pour déterminer les ajustements nécessaires », dit-elle.

Au cours de l’année scolaire 2021-2022 :
étudiantes et étudiants ont bénéficié de séances individuelles
6500 +
séances individuelles en santé physique et mentale ont été offertes
23600
personnes ont participé à des groupes de soutien et ateliers offerts par les conseillères et conseillers locaux en bien-être
4300 +
étudiantes et étudiants ont bénéficié des programmes conçus par la spécialiste en amélioration de la résilience et du bien-être du Pôle
6300 +

À l’écoute de la communauté étudiante

Dans cet état d’esprit de croissance, le Pôle a placé les étudiantes et les étudiants au centre de son développement. « Les spécialistes possèdent une expertise, bien sûr, mais les personnes qui utilisent leurs services sont les mieux placées pour savoir ce dont elles ont besoin », explique Vera Romano.

Les membres de la communauté étudiante donnent régulièrement leur avis dans le cadre de sondages, mais peuvent aussi s’exprimer au sujet de l’orientation des programmes et des activités de promotion de la santé organisées par l’Annexe Vie saine.

« Les étudiantes et étudiants ont plusieurs occasions de s’impliquer, assure Maya Willard-Stepan, qui siège aux côtés de la directrice au conseil consultatif du Pôle. C’est très important pour nous. Ça n’aurait aucun sens d’offrir des services à la communauté étudiante sans l’inclure. Nous raterions notre cible. »

Par exemple, les personnes qui travaillent à temps partiel au service de soutien par les pairs reçoivent une formation sur les premiers soins en santé mentale, l’écoute active, la réduction des préjudices et d’autres problèmes comme l’image corporelle.

« Nous sommes le premier point de contact des personnes qui viennent au Pôle », souligne Ellie Kalutycz, membre de l’équipe de soutien par les pairs, en expliquant que ce contact met les étudiantes et étudiants en confiance d’entrée de jeu.

Elle faisait partie de l’équipe du Pôle qui a essaimé au campus Macdonald, où elle participe à l’organisation d’activités de bien-être pour la clientèle étudiante. Elle se dit impressionnée par la diversité des possibilités que propose le Pôle, au gré des préférences personnelles.

« Comme j’étudie en sciences de la nutrition, je sais que la santé comporte plusieurs facettes et que chaque personne a sa propre vision du bien-être », poursuit l’étudiante qui, pour sa part, trouve sa source de détente dans les séances d’art-thérapie à la Ruche d’art.

Je rêve qu’un jour, personne n’ait à laisser sa santé physique et mentale sur le pas du portail Roddick pour réussir ses études. »

Gros plan de Maya Willard-Stepan.

Un changement de culture nécessaire

Si l’expansion rapide de l’offre de services du Pôle est remarquable, son ambitieux objectif à long terme l’est tout autant : changer la culture de stress intense qui règne dans les universités.

« Je rêve qu’un jour, personne n’ait à laisser sa santé physique et mentale sur le pas du portail Roddick pour réussir ses études, illustre Maya Willard-Stepan. Mais il faudra un énorme changement pour éliminer toutes les pressions toxiques – réussir, produire plus, travailler plus fort – qui sont profondément ancrées dans la culture des universités, particulièrement les plus anciennes. »

Privilégiant la sensibilisation, la prévention et l’intervention précoce, le Pôle entend créer un milieu où le bien-être passe avant tout et où les étudiantes et étudiants peuvent renforcer leur résilience et acquérir de saines habitudes pour toute la vie.

Quand on lui demande si elle constate le début d’un changement de culture à McGill, Vera Romano évoque le programme de conseillères et conseillers locaux en bien-être, pur produit de l’état d’esprit de croissance du Pôle.

Il s’agit de professionnelles et professionnels en santé mentale qui offrent un soutien personnalisé à la clientèle de leur faculté, unité ou communauté d’attache. Ce système se fonde sur le principe que les besoins d’un étudiant en génie, par exemple, diffèrent de ceux d’une étudiante en droit ou d’un athlète universitaire.

Comptant à l’origine huit conseillères et conseillers locaux, le programme en dénombre aujourd’hui plus de 20, qui servent les clientèles étudiantes des facultés et de divers groupes : résidences, communauté 2SLGBTQIA+, personnes autochtones, noires et de couleur, communauté noire et étudiantes et étudiants internationaux.

Vera Romano affirme que les facultés n’ont que des commentaires positifs à l’égard des conseillères et conseillers, qui sont fréquemment invités à parler dans le cadre de cours, lors d’activités d’orientation et pendant les périodes d’examens. Pour elle, c’est la preuve que les idées du Pôle commencent à faire leur chemin dans les milieux d’enseignement à l’Université, acteurs de premier plan du changement de culture.

Trois étudiantes regardant un ordinateur portable à l’Annexe Vie saine

Investir dans l’avenir du bien-être étudiant

C’est grâce à la philanthropie que le Pôle a pu obtenir les ressources et la latitude nécessaires pour mettre ses idées à l’épreuve et rectifier rapidement le tir au besoin, toujours dans un état d’esprit de croissance.

En plus du don de la Fondation Rossy, il a reçu de généreux dons de la part de Gisèle et Neil Murdoch (B.Com. 1981) et de Jonathan Amiel (B.A. 1998, B.C.L./LL.B 2002). Le Pôle bénéficie également du soutien collectif des nombreuses personnes qui contribuent au Fonds McGill et du financement du ministère de l’Éducation du Québec.

Comme certaines sources de financement public tirent à leur fin, McGill a lancé une campagne en vue de récolter plusieurs millions de dollars pour soutenir l’évolution du Pôle.

Maya Willard-Stepan affirme que le bien-être étudiant est incontestablement l’une des causes les plus importantes, car il est essentiel au rayonnement de l’Université. « Il faut être en bonne santé pour exceller dans ses études ou dans la recherche et, peut-être, faire une découverte révolutionnaire en médecine, dit-elle. On n’arrive à rien si le corps et l’esprit ne suivent pas. »

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